Notre histoire avec Martin et son équipe

Elle a commencé lorsque notre com Archi a lu ce qui suit et qu'avec 4 autres candidats, Martin et son équipe sont venus se présenter devant le groupe en plénière en avril 2017

Année 2017 - Agroparc

 

 

                         LA DEMARCHE…….EXTRAITS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DE LA TERRE AU CIEL : c'est la base du projet d'architecture que Martin est venu présenter.

 

 

Le principe de la double qualité de l’usager-concepteur

 

La reprise en main du logement par les habitants eux-mêmes renverse les valeurs établies et retourne le mode conventionnel de conception. Cette réappropriation de l’espace social par le citoyen pose de nouvelles relations de fonctionnement avec l’architecte et son équipe de maîtrise d’œuvre : il faut accepter une remise en question des règles du jeu dans une relation de partage, d’accompagnement, de concertation, de traduction, d’écoute…

 


Dans la conception durable des établissements humains, on cherche moins à savoir "qui a l’autorité" qu’à trouver "ce qui fait autorité". Dans notre profession d’architectes, l’expérience de terrain montre que ce qui fait autorité naît du partage. Quand on discute d’un projet avec les usagers - "les maîtres d’usages" - les maîtres d’ouvrages, les élus, quand on parle au sein de l’équipe de maîtrise d’œuvre élargie, quand on partage les raisons des décisions, quand on remet en jeu ces décisions, quand les arguments du projet se construisent dans ces allers-retours entre chacun, alors le projet fait autorité parce qu’il représente aux yeux de tous, l’expression d’un accord, de leur accord. Cet accord initial, indispensable eu égard à l’augmentation du nombre des acteurs et à l’étalement des projets dans le temps, peut ne pas être un consensus. Juste un accord, certes pas sur tout, mais sur l’essentiel.

 

La relation Maître d’usage et Maître d’œuvre

 

C’est en ce sens que les coopératives d’habitation sont intéressantes , elles ouvrent pour les architectes et urbanistes de nouveaux territoires de réappropriation de l’espace social et du rapport à l’usager dans une relation de partage et d’aspiration démocratique. L’architecte devient "l’accompagnateur", "le traducteur des valeurs du maître d’usage" : l’innovation ne se cherche plus dans l’hégémonie technique mais dans la quotidienneté banale, l’usage ordinaire, la relation à l’habitant. La quotidienneté forme alors le plan de travail de tout projet durable. Force est d’admettre que la valeur technique d’un projet dépend de l’usage qu’on en a. La technique ne trouve sa justesse dans la durée que si son usage ordinaire est vérifié par l’usager lui-même, c’est-à-dire Monsieur ou Madame Tout-le-Monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'équipe qui s'est présentée à nous

Dans l'ordre Martin Drescher, Dominique Farhi architecte chargée plus spécialement du projet crèche inclus dans le programme d' Agroparc, Robert Célaire Ingénieur thermique, AMO BDM (Bâtiment Durable Méditerranéen), Xavier Soulier BET Gaujard Technologies (structure bois) et Anne Marie Hautant de Ingeflux (économie fluides)

Clin d'oeil a Dominique Farhi et au Naturoptère

Le projet de la crèche n'a pas pu aboutir. Mais la qualité relationnelle et la compétence de Dominique sont restées dans nos coeurs. Elle est l'architecte du Naturoptère à Sérignan du Comtat et Joseph, son Directeur, est bien connu des étoiliens.

Très vite le travail a commencé par des échanges et propositions en plénière et accompagné souvent par de jeunes stagiaires en architecture.

Les logements, leur répartition, les matériaux, les différentes solutions pour le chauffage, tout est discuté avec le groupe.

Puis atelier libre pour laisser passer l'imagination et voir ensemble comment organiser les espaces extérieurs... sans oublier les entretiens individuels.

On ne se laisse pas abattre et notre partage culinaire du midi est toujours hautement apprécié, nous avons des talents !

Pour Agroparc, le permis a été déposé fin décembre 2017 sans compromis de vente.

 

ANNEE 2018 - Joly Jean i (dans le futur eco-quartier)

Visite de notre 2e terrain proposé par C. Helle à notre demande (voir historique) en février 2018. On tire des plans sur la comète avec  Martin qui  est avec nous, déambulations, questions à Citadis (aménageur), espoir. En proximité sud, le terrain sera occupé par une école exemplaire.

 

Terrain appelé Joly Jean I avenue de la Trillade, dans le futur éco-quartier.

FRAHaP A FORCALQUIER - SCIC REGAIN

2 juin  : festival de l'habitat participatif organisé par la SCIC Regain (Pierre, Charlotte, Pierre Charles) et qui y retrouve-t-on pour témoigner des parcours et parler des projets ? Etoilie bien sûr (Marie Do, Joelle, Jean) mais aussi notre Martin.

INAUGURATION

Compromis de vente signé le 21 juillet entre Citadis (aménageur) et la coopérative HLM La Maison familiale de Provence (porteur du projet). Le 14 novembre, à l'annonce officielle de la réalisation de notre projet en présence de C. Helle, nous étions tous là, heureux et avons fêté joyeusement ensemble l'événement. Mais... c'est aussi ce jour là que nous avons appris l'extension de l'école exemplaire et que probablement la Mairie aurait besoin d'une partie de notre terrain.

ANNEE 2019 - Joly Jean ii

Première implication de cette nouvelle année à la Souvine sur le thème :" L'habitat participatif - Une école de la citoyenneté ou comment vivre ensemble" en partenariat Etoilie/Eco Habiter Vaucluse (plateforme départementale de l'HP). Intervention  remarquée de Martin avec l'architecture au service du bien vivre ensemble.

Sa démarche personnelle qui l'a fait aller du TOP (concevoir du haut vers le bas) au DOWN (partir du bas en collaboration participative) pour aller vers le haut.

 

" L'habitat participatif me pose des questions profondes et remet en cause une manière de faire traditionnelle. Avant on partait d'un concept, dans l'habitat participatif il faut partir de l'habitant et on fabrique de l'architecture ensemble. Il y a un travail d'empathie, sentir l'autre « en-dedans ». C'est plus facile pour une maison individuelle avec une seule famille, c'est plus difficile avec un collectif ». Martin présente sa conception de l'architecture en 3 points :

 

1er volet : architecture vernaculaire sans architecte ; selon la tradition cela s'est toujours fait. On se met ensemble pour se protéger, les villages par exemple.

 

2ème volet : architecture et modernité. Avec l'avènement de l'individualisme, l'architecte conçoit un projet pour un habitant normé. L'architecte est au sommet, c'est lui qui dirige « commandeur des techniciens » : démarche descendante TOP DOWN. Le résultat peut être très séduisant mais ces lieux sont-ils vivables ?

 

3ème volet : participation des habitants usagers au projet architectural pour créer un cadre de vie. Il s'agit d'assembler les individualités autour d'un bien commun, de construire ensemble des lieux de résilience et d'entraide. Il faut donc partir d'en-bas et remonter jusqu'à la finalité par synthèse et choix consentis « DOWN UP ». C'est une question de méthode, d'enquête précise et fine sur les besoins et les désirs. Les besoins sont mesurables, faciles à définir. Ex : nombre de chambres. Les désirs sont plus difficiles à définir ; tout ce que l'habitant ressent ou fait émerger à un moment : lumière, son, chaleur, confort..."

 

 

C'est en février que nous connaissons notre nouvelle destination lors d'un repas partagé au Village avec VIncent Delahaye (élu). Le nouveau terrain est appelé par nous Joly Jean II.

Petit détail : le terrain n'est pas encore ouvert à l'urbanisation (fait le 27/2) et nécessitera une révision du PLU.

Comment garder le cap avec ces rebondissements, ces retards... Pierre Levy (SCIC Regain), notre accompagnateur pendant des années, nous dit que le groupe a une capacité de résilience qui nous permettrait d'assurer des formations dans ce domaine!

 

VIncent et Martin, sans hésitation, ont toujours accueilli  nos demandes d'échange, nos questionnements.

Clin d'oeil au Village et à Vincent

Le VIllage, centre d'insertion et d'accueil de personnes en situation précaire, situé à Cavaillon et dont VIncent (au centre) en est le Directeur.C'est un endroit de partage et d'écologie. Il produit des éco-matériaux : briques en terre compressée, isolants en paille broyée, enduits écologiques. Une belle aventure.

         

 

 

La longue marche vers le PLU .....

Pour recharger nos accus, nous avions besoin d'échanger avec Martin sur le nouveau terrain et ses possibilités. Nous l'avons accueilli avec bonheur et apparemment celui-ci était largement partagé,  à notre plénière du 9 mai accompagné de Louise (élève architecte).

Les plénières, les réunions ponctuelles au village élargies ou pas, les échanges téléphoniques pour recueillir les informations en provenance de Citadis (aménageur), Tangram (cabinet d'urbanisme mandaté par Citadis), le cabinet d'urbanisme de la ville, Martin.... des navettes s'établissent avec des informations qui parfois nous laissent perplexes, parfois nous portent.... un chemin quelque peu cahotique mais très instructif et formateur.

 

Martin nous accompagne au Village le  9 octobre et Vincent nous annonce une révision du PLU simplifiée (7-12 mois). Deux points sont sujet à caution : les parkings (semi-enterrés ou pas) et leur nombre, la hauteur de l'immeuble (R+2 ou R+3). Entre temps le groupe avait pris la décision au consentement de charger Martin d'une étude de faisabilité chiffrée pour faire avancer le projet.

 

 

 

 

PLENIERE DU 16 NOVEMBRE

Mireille Martin de Vaucluse Matin avait contacté Etoilie pour écrire un article de fond sur l'habitat participatif.

 

Après échange avec le Copilet (Comité de Pilotage d'Etoilie) et consultation du site, elle a poursuivi son investigation en interrogeant Martin dont le texte est reproduit in extenso ci-après.

 

"J'ai été dans un premier temps architecte d'intérieur en relation avec des besoins intimes, sans avoir la nécessité de concevoir l'enveloppe protectrice.

 

Mon expérience dans l'habitat participatif a démarré il y a 10 ans.

 

Pendant longtemps les constructions partaient du besoin de l'habitant au sens large. Au 20ème siècle l'architecte a perdu le contact avec l'usager et s'est orienté vers des programmes. Il s'est trouvé ainsi au sommet de la pyramide considéré comme un expert sachant.

 

Vers quel sens orienter un projet d'architecture, comment le concevoir si en amont je ne vérifie pas l'utopie de l'habitant, si je ne le rencontre pas ? Comment permettre à un usager de reprendre possession de son cadre de vie ?

 

Il y a une grosse différence entre habitat participatif où le futur habitant participe à toutes les étapes du projet depuis sa conception et l'habitat partagé proposé « déjà construit » et où les habitants se connaîtront après la conception.

 

Dans la conception classique des logements encore usitée on s'occupe d'abord de l'enveloppe des espaces privatifs et ensuite des espaces communs.

 

Dans une conception nouvelle, révolutionnaire même, on va d'abord réfléchir aux espaces extérieurs : la circulation, le vivre ensemble, toute cette amplitude qui entoure l'intime. En élaborant ensemble - le groupe d'habitants et l'architecte - sur les espaces partagés et le bien commun, le vivre ensemble, on définit encore mieux l'individualité et l'intimité de chacun. 

 

Il existe différents degrés de participation. Il y a des projets extrêmement participatifs qui sont souvent en autopromotion et où l'architecte peut être remis en cause. Il est normal qu'il s'efface.

 

Il y a des projets avec des promoteurs-bailleurs. C'est le cas d'Etoilie et de son projet dans l'éco-quartier Joly Jean à Avignon. Ici l'architecte est l'interface entre le Maître d'Ouvrage qui finance et les Maîtres d'Usage (les habitants) qui participent aux décisions.

 

Etoilie est un projet d'habitat participatif issu de l'appel à projet de la Mairie d'Avignon. Des rencontres sont organisées avec moi pour que ce soit interactif : le groupe s'exprime, je propose. Les contraintes, les arbitrages au niveau des coûts sont pris en compte, des choix en découlent et des décisions sont prises au consentement.

 

Sobriété, frugalité, solvabilité sont des questions soulevées par les usagers. Quel engagement durable puis je garantir ? Il me paraît essentiel de réinventer à partir de l'habitant, c'est la raison d'être de l'architecture. Alors comment l'architecte va-t-il trouver son rôle ?

 

Dans la problématique du développement durable, de quoi avons-nous réellement besoin ? La synthèse doit être ascendante et prendre en compte les besoins réels, pas les besoins artificiels. On est sur une économie de moyens.

 

C'est un projet qui a connu plusieurs rebondissements au niveau du terrain : nous sommes aujourd'hui sur le troisième terrain proposé et il devra inclure les règles spécifiques à l'habitat participatif comme par exemple les parkings. Les habitants se sont engagés par une charte d'écomobilité qu'ils ont rédigée, de réduire ce moyen de transport par le covoiturage, le partage des véhicules, etc...

 

Deux points forts caractérisent le projet :

  • .une équité bioclimatique, c'est-à-dire le droit au même ensoleillement pour tout le monde : 95 % de nos besoins pour chauffer l'appartement et le chauffe-eau seront apportés par le soleil (ensoleillement et panneaux solaires thermiques). Il faut savoir qu'aujourd'hui certains habitats à énergie passive ont une charge de 100 € par foyer et par an en chauffage et en eau chaude. C'est une véritable révolution. C'est une réponse au développement durable.

  • Comment ce bâtiment peut-il évoluer avec le temps ? Il est nécessaire de raisonner en intégrant une certaine résilience, c'est-à-dire la capacité à s'adapter à ce qui va arriver. Par exemple : les familles décomposées puis recomposées, le vieillissement, etc... La capacité à transformer son habitat est une valeur constante.

 Equité et évolutivité sont donc pour moi des bases, viennent ensuite les réponses relatives à la diversité des habitants avec un système simple et souple à partir d'une trame modulable.

 

Les espaces partagés à proprement parler sont les espaces de rencontres formelles ou informelles :

  • rencontres informelles : coursives, passerelles, circulation pour rencontrer ou pas les voisins, circuits courts ou circuits longs, jardins
  • rencontres formelles : salle polyvalente, buanderies, chambre d'amis, ateliers, espace de stockage individuel, poulailler, serre, voire même une salle de silence prévue en auto construction par les habitants. On se donne les moyens d'avoir ces espaces.

En habitat participatif, quand une personne achète un logement, cela comprend l'appartement privatif mais un ratio d'espaces partagés. L’expérience montre que l'appartement privatif n'a pas besoin d'être aussi grand que dans un autre bâtiment puisque la personne ou la famille peut utiliser la salle polyvalente pour organiser un repas de famille par exemple.

 

Le groupe d'Etoilie donne une importance égale au travail architectural et au travail de construction sociale. Vivre ensemble chacun chez soi. Vivre ensemble, c'est une vision globale partagée, où chacun est concerné par l'autre mais aussi par le quartier et la cité."

 

 

La séance s'est poursuivie sur les principes constructifs de l'immeuble.

 

La présentation des différents matériaux et les qualités qu'ils présentent dans la construction : béton armé, bois, paille, fibre de bois.

 

Martin nous a présenté les associations de panneaux de bois et caissons de paille, panneaux de bois massif et fibre de bois, bois-béton (refends et plancher béton, enveloppe caissons paille). Heureusement que la com archi est là pour nous aider dans nos décisions futures à prendre.